La sélection libanaise de basket-ball a remporté le championnat arabe des nations en s’imposant face à la Tunisie 72 à 69, à l’occasion de la rencontre qui a opposé les deux équipes, mercredi en finale. Il s’agit du premier sacre du Liban dans cette compétition.

Enfin, ils l’ont fait! Les joueurs de la sélection libanaise de basket-ball ont été sacrés mercredi champions des nations arabes, en battant la Tunisie en finale du tournoi. La compétition s’est disputée aux Émirats arabes unis, en présence de sept nations. Quelque vingt ans après la génération dorée de Mechantaf, Domiaty et consorts, le Liban a renoué avec la victoire et retrouve du coup les avant-postes du basket-ball régional.

Mais cette victoire a tardé à se dessiner pour les Libanais dans la mesure où les Tunisiens, particulièrement accrocheurs mercredi, leur ont donné bien du fil à retordre. L’entraîneur libanais, Jad el-Hajj optait pour un cinq de départ semi-classique avec Ater Majok, Ali Haïdar, Waël Arakji, Jad Khalil et Sergio Darwiche.

En chiens de faïence

Sur le terrain de la salle sportive el-Nasr à Dubaï et devant un public nombreux entièrement acquis aux Libanais, la rencontre était lancée à 100 à l’heure. D’entrée de jeu, les Tunisiens solides et adroits faisaient jeu égal avec les Libanais (5-5, puis 10-10), le score évoluant en dents de scie avec un léger avantage aux champions d’Afrique (21-18 à la 10e). Le même scénario se répétait dans le deuxième quart avec un léger avantage pour le Liban cette fois-ci. Les deux équipes s’observaient toujours en chiens de faïence, et Waël Arakji faisait honneur à sa réputation en enchaînant les actions offensives. Le Liban franchissait la ligne médiane avec un viatique de trois points (37-34). De retour des vestiaires, les Tunisiens jetaient toutes leurs forces dans la bataille et repassaient devant (54-52 à la 30e). Aucune équipe n’ayant pu se détacher vraiment, tout allait se jouer dans le quatrième et dernier quart.

Relâchement coupable

Les Libanais choisissaient cet instant précis pour perdre leur concentration de façon inexplicable. Ils balbutiaient alors leur jeu contre leurs adversaires qui n’en demandaient pas tant. Ces derniers en profitaient pour imprimer leur rythme sur la rencontre face à des Libanais qui proposaient un jeu approximatif constellés de turn-overs. Le score prenait des proportions effrayantes pour les nationaux: à trois minutes de la fin, ils étaient distancés de neuf points. Jad el-Hajj demandait précipitamment un "time out" houleux dans lequel il changeait le dispositif tactique en défense de zone. Du coup, les joueurs de la sélection libanaise retrouvaient des couleurs. Sans doute avaient-ils été sermonnés durant le "time out" par leur entraîneur qui n’a certainement pas trouvé leur manque de concentration à son goût. Dans la foulée, le Liban s’était trouvé un nouvel héros en la personne de Sergio Darwiche, qui affichait un sang-froid exceptionnel à deux minutes du "buzzer": un joli panier, puis toute de suite après, il provoquait une faute avec à la clé deux nouveaux points. Poussés par leur public, les Libanais chassaient alors la gamberge et retrouvaient le chemin des paniers. Le suspense était à son comble et le public était déchaîné. La fin du match allait donner lieu à un scénario que n’aurait pas désavoué Hitchcock lui-même. À 20 secondes de la fin, Sergio Darwiche donnait l’avantage au Liban. Le public était en délire après cet incroyable retournement de situation. Dire que l’apport de Sergio Darwiche a été décisif serait un doux euphémisme.

Pour avoir laissé passer sa chance, la Tunisie pouvait nourrir de sérieux regrets, mais c’était trop tard: le Liban décrochait le 24e championnat arabe des nations et Ali Haïdar soulevait le précieux trophée. Le pays du Cèdre remportait le seul titre régional qui lui échappait jusque-là. Mais au-delà, de cette magnifique victoire, le basket-ball a encore une fois prouvé qu’il pouvait rassembler les Libanais et leur procurer une euphorie authentique, contrastant avec la morosité proposée par leurs affligeants dirigeants. Ces derniers n’ont pas manqué d’ailleurs d’exprimer dans un bel et émouvant élan unanime " leur joie et leur fierté " comme ils savent si bien le faire. Pour un peu, ils s’appropriaient cette consécration… Qu’à cela ne tienne, les Libanais vont pouvoir savourer, l’espace d’un moment, le bonheur d’un patriotisme retrouvé.

Chapeau les artistes et merci !