A neuf mois de la coupe du monde 2022, Ici Beyrouth entame un tour d’horizon des principales nations footballistiques, susceptibles de remporter l’épreuve. Première équipe analysée, le Brésil, quintuple champion du monde, mais qui n’a plus gagné l’épreuve reine du football mondial depuis 2002, et ce pour plusieurs raisons.

Depuis son dernier sacre en 2002, le Brésil n’a plus remporté la Coupe du monde. Le Brésil est donc sur une pente descendante et plusieurs facteurs, aussi bien structurels que conjoncturels, n’incitent pas à l’optimisme quant aux chances des quintuples champions du monde de broder une sixième étoile sur leur maillot au cours de la prochaine édition au Qatar, en novembre et décembre 2022.

Avant 2002, la Seleção avait remporté cinq des dix-sept premières coupes du monde disputées, soit 29% des éditions. Depuis le titre de 2002, le compteur est bloqué à zéro. Pire, le Brésil n’a plus atteint la finale de l’épreuve reine, bien qu’ayant de surcroît accueilli la compétition sur ses terrains en 2014. Jusqu’à la coupe du monde 2002, le Brésil avait remporté 19 de ses 23 rencontres dans des matches à élimination directe face à des équipes européennes, soit 83% des confrontations. Depuis 2002 et sa victoire en finale contre l’Allemagne, le Brésil a perdu tous ses matches à élimination directe face à des équipes européennes en coupe du monde. Défaites 1-0 contre la France en 2006, 2-1 contre la Hollande en 2010, 7-1 contre l’Allemagne en 2014 et 2-1 face à la Belgique en 2018.

Cette baisse de régime des Brésiliens peut s’expliquer d’abord par l’amélioration du niveau de plusieurs équipes européennes, qui ont profité de la mise en place de l’arrêt Bosman en 1995. Celui-ci a permis aux clubs européens de compter dans leurs rangs un nombre illimité de joueurs de l’Union Européenne dans leurs équipes. Ainsi toutes les meilleures sélections ont profité de cet arrêt, avec l’exposition que donnait à leurs meilleurs joueurs la perspective de jouer dans les meilleurs clubs d’Europe. Les deux meilleurs exemples sont la France de 1998 et l’Allemagne en 2014, qui comptaient dans leurs rangs plusieurs joueurs n’évoluant pas dans leurs championnats nationaux. En plus de ces grandes équipes historiques, qui ont donc progressé, l’arrêt Bosman a permis l’émergence de nouvelles nations comme la Belgique et la Croatie, dont la quasi-totalité des joueurs de la sélection jouent dans les meilleurs championnats, à savoir la Serie A, la Premier League, la Bundesliga et la Liga, alors qu’avant 1995, ils jouaient pour la plupart dans leurs faibles ligues domestiques. Les meilleurs joueurs de ces sélections émergentes n’ont donc plus rien à envier au Brésil, comme l’a prouvé la victoire de la Belgique face à ce pays au cours de la coupe du monde 2018. Depuis l’arrêt Bosman, les Européens ont remporté 5 des 6 coupes du monde disputées, ne laissant au Brésil qu’un petit butin (la coupe du monde 2002).

Le Brésil ne compte plus dans ses rangs le meilleur joueur du monde

Dans ses cinq premiers succès en coupe du monde, le Brésil pouvait compter dans ses rangs sur le meilleur joueur de la planète du moment. Pelé en 1958, 1962 et 1970, Romario en 1994 et Ronaldo en 2002. Aujourd’hui, les 2 principaux joueurs brésiliens (Neymar et Vinicius) sont loin d’être les meilleurs. Neymar est sur une pente descendante et Vinicius est encore très loin du niveau des Haaland, Mbappé, Messi et Cristiano Ronaldo. Par-dessus le marché, Neymar, qui est encore la star de l’équipe, approche de la trentaine, et son hygiène de vie laisse penser que sa courbe de performance, va décliner dans les prochains mois, comme cela avait été le cas, dans des proportions certes plus marquées, des deux stars brésiliennes Ronaldinho et Ronaldo.

De plus l’approche des joueurs brésiliens, et dans une plus large mesure sud-américains, de centrer leurs stratégies tactiques sur un homme providentiel semble désormais surannée et inefficace. Le football moderne, plus tactique et plus physique qu’autrefois, ne permet plus à un joueur, quasiment à lui tout seul, de faire gagner une coupe du monde, comme ce fut le cas par exemple pour Pelé en 1970 ou Maradona en 1986. Cela est confirmé par l’approche des grandes nations européennes ayant gagné les dernières coupes du monde, qui ont focalisé leur jeu sur le collectif, davantage que sur l’aptitude d’une star à faire la différence. Cela se confirme par le fait qu’en 2010 l’Espagne, en 2014 l’Allemagne et en 2018 la France, ont gagné la coupe du monde sans que l’un de leurs joueurs ne remporte le Ballon d’Or (trophée individuel ultime des footballeurs) en fin d’année, tant il était difficile de ne sortir qu’un seul joueur du lot, dans ces triomphes.

Prochain article: " Le football brésilien: une panne d’efficacité défensive et un manque de tacticiens de qualité " (2/2)