En plus d’une absence de leader technique susceptible de ramener le Brésil au sommet dans un avenir proche, le pays pâtit de la faiblesse de son secteur défensif et d’une absence de tacticiens de haut niveau.

Le capitaine du Brésil est depuis 2012 Thiago Silva. Si ce dernier est encore un bon défenseur central, son aptitude à être un leader mental pour l’équipe est plus que questionnable. Longtemps capitaine du PSG avant de rejoindre Chelsea, sa propension à s’effondrer sous la pression et passer à côté des matches importants a été prouvée plus d’une fois. L’exemple le plus flagrant étant la remontada du Barca face au PSG en 2017 (6-1), où Thiago Silva avait été transparent de bout en bout, portant à sa charge une part importante de la responsabilité de l’élimination. Et avec la sélection, son bilan de leader n’est pas plus reluisant. En 2014, alors que le Brésil accueille la coupe du monde, le capitaine Thiago Silva est vivement critiqué par la presse pour sa faiblesse mentale à l’approche d’une séance de tirs aux buts décisive face au Chili en huitièmes de finale. En effet, tout le monde se souvient de ses abondantes larmes d’enfant à quelques minutes de la séance, qui prouvaient bien qu’il n’était pas du genre à faire glisser la pression, mais plus à la subir.

La présence de Thiago Silva dans l’équipe à 38 ans pose aussi la question de la relève au niveau des défenseurs brésiliens. Cela semble un problème structurel dans le foot brésilien, qui produit de moins en moins de défenseurs de qualité. Gagner en football dépend autant de la propension à ne pas encaisser de buts qu’à en marquer, et les dernières campagnes du Brésil en Coupe du monde, avec pour point d’orgue la défaite 7-1 face à l’Allemagne en 2014, ont prouvé que les Brésiliens avaient désormais tendance à encaisser trop de buts.

Le Brésil, otage du niveau du continent sud-américain

Ce qui contribue aussi à la baisse du niveau de la sélection brésilienne est la baisse de niveau du continent sud-américain relativement à l’Europe. Si le Brésil n’a plus gagné la Coupe du monde depuis 2002, l’Argentine ne l’a plus gagnée depuis 1986 et l’Uruguay depuis 1950. Ainsi, le Brésil se retrouve à jouer en éliminatoires de la Coupe du monde et en Copa America, face à des équipes qui n’arrivent plus à rivaliser pour la victoire. La qualification au Mondial est en train de s’avérer de plus en plus simple pour le Brésil, mais d’un autre côté, les Brésiliens ne sont pas en train d’acquérir l’expérience et de développer une progression que génèrent les rencontres avec les meilleures équipes du monde. Et les matches amicaux ne sont pas source de la même intensité que les matches à enjeux.

Des tacticiens pas au niveau

De surcroît, le Brésil souffre d’un manque de qualité de ses tacticiens. S’il existe des coachs argentins qui sont aux commandes dans de grands clubs européens comme Sampaoli à Marseille et Pochettinho au PSG, il n’y a aucun entraîneur brésilien aux manettes d’un grand club européen. Le coach de la sélection brésilienne Tite illustre les carences brésiliennes en la matière. En effet, ce dernier n’a jamais entraîné en Europe, et aura les pires difficultés au cours du prochain Mondial à rivaliser face à des entraîneurs comme Flick, Deschamps, Southgate ou Enrique. Il avait d’ailleurs perdu sa bataille tactique face au coach de la Belgique en 2018. Roberto Martinez avait en effet surpris Tite en excentrant Hazard et De Bruyne sur les côtés offensivement. Ce qui avait contribué à la victoire belge.

Après Pelé en 1970, le Brésil avait attendu vingt-quatre ans et l’avènement de Romario pour remporter à nouveau la Coupe du monde. Depuis le dernier sacre de 2002, vingt années se sont déjà écoulées. Et l’attente risque bien de durer quelques années de plus pour le peuple brésilien.