Une Palme d’Or et deux prix Goncourt en résidence d’artiste aux États-Unis : la cinéaste Julia Ducournau et les écrivains Leïla Slimani et Nicolas Mathieu compteront en 2023 parmi 70 artistes français et étrangers installés dans tout le pays pour des projets artistiques et d’échanges culturels, ont annoncé lundi les autorités françaises à New York.

Pour 70 résidences d’artistes durant un à trois mois – itinérantes ou implantées à New York et d’autres grandes villes américaines -, Paris a alloué 1,8 million d’euros (25.000 euros par artiste), a indiqué Gaëtan Bruel, directeur de la Villa Albertine, le pôle de coopération culturelle de l’ambassade de France aux États-Unis.

" En invitant ses résidents à sortir des murs de la résidence, pour faire communauté avec les Américains rencontrés (…), la Villa Albertine fait aussi le pari de contribuer à changer le regard des Américains sur le paysage culturel français ", encore considéré aux États-Unis comme élitiste et classique, a plaidé le diplomate lors d’une présentation à la presse.

De fait, " il n’y a jamais eu autant besoin de partager des expériences et la manière dont nous appréhendons le monde ", a fait valoir Glenn Lowry, directeur du musée d’art moderne de New York (Moma), qui a participé à la sélection de projets éclectiques dans tous les arts (cinéma, littérature, théâtre, architecture, peinture, art plastique, art visuel, musique, danse…).

Ainsi, pour préparer son prochain film, Julia Ducournau, lauréate de la Palme d’Or à Cannes en 2021 pour Titane, va plonger dans le milieu des " artistes tatoueurs " de New York et enquêtera auprès de chirurgiens dermatologues d’un hôpital de la mégapole, selon la Villa Albertine.

La Franco-Marocaine Leïla Slimani, prix Goncourt en 2016 pour " Chanson douce " (traduit aux États-Unis sous le titre " The Perfect Nanny "), " fera des recherches sur la communauté musulmane " de New York et " sur la place méconnue que l’islam occupe " dans la ville et aux États-Unis.

Le Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, veut lui " s’immerger à Oxford, dans le Mississippi, ville natale de (William) Faulkner, y relire l’œuvre du prix Nobel (de littérature en 1949), voir et sentir cette Amérique pas si lointaine de la France qu’il décrit, et travailler à son prochain roman ", selon la Villa Albertine.

Pour M. Bruel, l’objectif de ces résidences — qui compteront aussi les architectes Frédéric Chartier et Pascale Dalix à Chicago et la plasticienne Sara Ouhaddou à Houston et Los Angeles — est d’accroître la renommée d’artistes français et francophones aux États-Unis, surtout à New York, qui reste selon lui la capitale mondiale des arts.