Le Hezbollah est subitement monté au créneau lundi au sujet d’un éventuel partage des ressources gazières entre le Liban et Israël dans la zone maritime contestée au large de la côte libanaise, à la frontière sud. Deux de ses députés, Mohammad Raad et Hussein Hajj Hassan, ont descendu la médiation menée par les Etats-Unis pour que les pourparlers indirects entre Beyrouth et Tel Aviv sur la délimitation de leur frontière maritime aboutissent. Les deux l’ont jugée préjudiciable pour le Liban, alors que, curieusement, le Hezbollah s’était abstenu de commenter le revirement de position des autorités libanaises, qui après avoir mené une bataille acharnée pour que la ligne 29 soit reconnue comme étant la frontière maritime entre les deux pays, a revu ses ambitions à la baisse en affirmant que c’est la ligne 23 qui délimite sa frontière avec Israël. Pratiquement, cela fait perdre au Liban 1430 kilomètres carrés supplémentaires ainsi que son droit de prospection dans une partie du champ de Karish et de Qana.

" Notre gaz restera enfoui dans nos eaux et nous empêcherons Israël d’accéder à une goutte de cette eau ", a déclaré Mohammad Raad, tandis que son collègue, Hussein Hajj Hassan, accusait Washington de ne pas vouloir laisser le Liban extraire son gaz, dénonçant " un cahier des charges américain agressif ". Ces positions en flèche peuvent être interprétées comme une tentative du Hezbollah de détourner l’attention du fait qu’il a donné son accord tacite à la concession faite par Beyrouth en faveur de Tel Aviv.

Durant un meeting à Kfarkela (Liban sud), le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a ainsi vivement critiqué la proposition de Amos Hochstein, négociateur américain dans l’affaire de la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, qui suggère un éventuel partage des ressources gazières. M. Raad a déclaré : " Notre gaz restera enfoui dans nos eaux, et nous empêcherons Israël d’accéder à une goutte de cette eau ". Le député du Hezbollah s’est adressé en ces termes aux dirigeants israéliens : " Sachez que personne n’exploitera notre gaz avant que nous le fassions en premier, et nous l’utiliserons à notre guise ".

Concernant le communiqué du ministère libanais des Affaires étrangères sur la crise entre la Russie et l’Ukraine, M. Raad a affirmé que ce communiqué reflète " l’humeur de certains Libanais proches de l’Occident ". Et d’ajouter : " Le Liban n’est pas concerné dans cette crise. Et l’ambassadrice américaine a tout fait pour rallier le monde à leur côté ".

En conclusion, Mohammad Raad a blâmé les États-Unis pour l’effondrement du système bancaire et des institutions économiques au Liban, appelant à " la construction d’un pays selon les critères de son propre peuple ".

A son tour, Hussein Hajj Hassan a fustigé les Etats-Unis qui " exercent des pressions sur le Liban pour lui interdire de lancer la prospection gazière offshore ". " Nous disons aux Américains que nous ne sommes pas faibles et que nous rejetons le cahier des charges politiques qu’ils associent à leurs pressions pour nous empêcher d’extraire nos ressources gazières et pétrolières. Ce cahier des charges politique est agressif pour le Liban. Les Américains affament le Liban et continuent de le faire ", a-t-il dit, durant un meeting avec des responsables municipaux et des moukhtars de Baalbeck.

Pour le député du Hezbollah, " le médiateur américain n’est pas honnête parce qu’il est le parrain d’Israël ". " Il ne va pas changer et il ne sera jamais aux côtés du Liban. Il vient dans le pays pour exercer des pressions sur les Libanais et leur dicter ses conditions politiques (….) auxquelles nous ne nous soumettrons pas, " a-t-il affirmé dit.